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Covid-19

«Il n’y a pas de problème de dette publique en France»

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Membre du collectif des Economistes atterrés et coauteur du livre «la Dette publique», Eric Berr estime qu’elle n’est pas un fardeau pour les générations futures, contrairement au discours répandu.
Au ministère des Finances, dans les murs de l'Agence France Trésor, le 12 janvier. (Photo Denis Allard pour Libération)
publié le 31 janvier 2021 à 18h56

Maître de conférences à l'université de Bordeaux, Eric Berr fait partie du collectif des Economistes atterrés, classé à gauche. Il est le coauteur de la Dette publique (Seuil), un «précis d'économie citoyenne» qui démonte le discours imposé sur le sujet depuis des années dans le débat public par les économistes néolibéraux.

Est-il possible d’annuler une dette publique ?

C’est tout à fait possible et cela a été fait à de nombreuses reprises dans l’histoire, notamment pour l’Allemagne en 1953, lors de la conférence de Londres, afin de ne pas répéter les erreurs commises après la Première Guerre mondiale avec le traité de Versailles. Dans le cas d’une annulation, le créancier décide d’exempter son débiteur de rembourser sa dette pour telle ou telle raison : cela a été le cas pour l’Irak après la chute de Saddam Hussein, dont les dettes étaient considérées comme odieuses, illégitimes, car contractées par un régime despotique. Lorsque, comme cela a été le cas de l’Argentine au début des années 2000 par exemple, c’est le débiteur qui décide de ne plus rembourser, on parle de répudiation.

Est-ce une solution envisageable en France après cette pandémie ?

En théorie, oui. Mais faut-il le faire aujourd’hui ? Je suis réservé. Je pense que cela enverrait un message brouillé, car il n’y a pas de problème de dette publique en France, comme nous le démontrons dans notre livre.

Ce serait nuire à la réputation de la France d’emprunteur solide ?

Cela reviendrait surtout à justifier le discours des économistes dominants qui défendent des politiques d’austérité. Pour eux, la dette publique est un moyen de pression pour pousser à des mesures d’économies. Ce