Il est treize heures ce samedi, place de la République à Paris, et une foule naissante se masse devant une petite table, à côté de laquelle trône une tour d’enceintes. La sono crache un peu et peine encore à couvrir le ronron d’un groupe électrogène qui alimente le tout en électricité. Roméo, 21 ans, alias T-800 (son nom de DJ), pantalon baggy noir et piercings dans les oreilles, observe la scène avec philosophie, tout en tirant sur sa clope.
Plus tard, le jeune homme passera peut-être derrière les platines pour jouer de la techno ou de l'Electronic Body Music (EBM), un style qui confine à la musique industrielle. «De toute façon, j'essaie de m'adapter à mon public.» Son audience, cet après-midi, est plutôt hétérogène. D'un côté des opposants au projet de loi sur la «sécurité globale», membres de partis politiques, d'associations de défense des droits de l'homme et de syndicats, qui se réunissent régulièrement depuis l'automne, notamment contre l'article 24, qui pénalise toute diffusion «malveillante» d'images des forces de l'ordre – moyenne d'âge : la quarantaine bien tassée. De l'autre des teufeurs, qui ont le même âge que lui.