La journée commence mal. Nous sommes en janvier 2006, et Xavier Bertrand lève les yeux d’un papier de Libération. Le titre est tout un programme : «Bertrand, l’homme invisible de la Santé». Dix mois après son arrivée, l’article rigole d’un ministère où il ne se passerait «rien» et de son patron, en qui l’on soupçonne déjà «l’erreur de casting». Le coup porte assez pour que celui-ci y revienne trois ans plus tard, évoquant dans le Figaro un «mélange d’assertions non avérées, de méchancetés», mais aussi… «d’observations justes». La morale de l’histoire, réfléchit-il, «c’est qu’on a beau bosser sérieusement, si on ne le fait pas savoir, ça ne sert à rien».
La leçon a été retenue. Que le président de la région Hauts-de-France ait l'étoffe d'un chef de l'Etat, il s'en est convaincu de longue date. Opiniâtre, méticuleux, Xavier Bertrand a déployé pour s'y préparer des trésors de méthode. Reste à «faire savoir» : lancé depuis des mois dans une infatigable promotion de lui-même, l'homme veut creuser d'ici l'été un écart décisif avec ses concurrents de droite, et donner à sa candidature le poids des évidences.