Chez Carambar, «ils sont trop gourmands, c'est de l'indécence», s'indigne Martine, une des salariées, présente sur le piquet de grève de ce vendredi matin, palettes et pneus qui brûlent dans des panaches noirs. Pourtant, sur les 114 employés de la fabrique historique, à Marcq-en-Barœul, dans la banlieue de Lille, 105 sont repris dans l'usine voisine Lutti, à Bondues, qui appartient au même groupe. Mais au passage, ils vont perdre entre 10 et 25 % de salaire. La blague, ils ne l'avalent pas : la production est au pas, et la pénurie de Carambars menace.
Ce déménagement n'est pas une surprise, même si la fermeture de leur usine leur fait mal au cœur. Tous les Carambars, depuis 1954, sont sortis de cette impasse, la rue de la Chocolaterie. Mais en octobre 2018, quand leur groupe, Carambar and Co, rachète Lutti, aucun d'entre eux ne se fait d'illusion. Deux unités de fabrication dans un rayon de dix kilomètres, il y en a une de trop, et Marcq-en-Barœul est la plus ancienne. «Au départ, ils nous ont parlé d'un simple déménagement», retrace David Poure, délégué FO. «Début décembre, se tient une réunion d'information-consultation du CSE, et là nous apprenons que c'est un plan de sauvegarde de l'emploi, avec 114 suppressions de postes. On nous parle de reclassements, et de nouveaux contrats chez Lutti pour 105 personnes.» Les neuf restants, directeur de l'usine, DRH, et autres cadres, ne seraient pas repris, mais les négociations sont toujours en cours.