C'est l'histoire banale d'un hôpital d'aujourd'hui. De celle qui compile les frustrations du quotidien, la dérive du service public, le manque de lits, la longue asphyxie. Comme avant la pandémie. Au centre hospitalier de Laval, chef-lieu de la Mayenne, trois services de soins sont en grève illimitée depuis la fin de l'été. Le service de médecine interne et d'infectiologie a lancé le mouvement le 19 août, rejoint par le service de gériatrie, puis l'hôpital de semaine, apparié au service de gastro-entérologie. «Rien n'a changé malgré la crise. Le jour d'après ressemble au monde d'avant, résume Maxime Lebigot, infirmier tête d'affiche et secrétaire adjoint de Force ouvrière à Laval. Les paroles gouvernementales étaient belles. Les promesses du Ségur plutôt douces. Mais moi, ce que je vois, ce sont des soignants qui n'ont jamais été autant dans le dur.»

Maxime Lebigot, infirmier et secrétaire adjoint de Force ouvrière à Laval.
Photo Marianne Barthélemy pour Libération
Jeudi et pour la première fois, les trois services se sont retrouvés devant le bâtiment central en guise d'action collective. Le groupe était franchement mince, 40 personnes tout au plus (continuité des soins oblige), mais le dépit était palpable et les mots parfois incontrôlables. «On est des pions et on nous prend pour des cons. Des pions et des cons !» s'élève une voix dans l'assemblée. Contemplative sur son banc, Sophia (1), aide-soignante de 57 ans, acquiesce par une m