C’est un lieu peu visible de l’extérieur, quai de Lesseps, sur les rives de l’Adour à Bayonne, à quelques mètres de l’espace d’art contemporain le Didam et du cinéma d’art et essai l’Atalante. Derrière l’imposant portail métallique, la cour est dominée par des fortifications à la Vauban. Autour de cet espace bitumé sont alignés d’anciens et austères locaux de stockage de l’armée. Atmosphère à mi-chemin entre un garage et un refuge de montagne. Dans le dortoir des hommes et les deux chambres, plus intimes, réservées aux femmes, 120 lits de camp alignés sous les néons accueillent des migrants en transit. Peu de fenêtres, un self improvisé pour la distribution des trois repas par jour. L’ambiance n’est pas à la colonie de vacances. Dans un autre hangar, quelques tapis sont étalés au sol pour proposer une salle de prière sommaire. Un autre garage abrite une batterie de machines à laver qui tournent sans relâche. Un troisième plein de frigos et de micro-ondes sert au réchauffage des repas. Depuis 2018, le Pays basque est une étape de plus en plus fréquentée sur la route des migrants africains qui transitent par l’Espagne avant de rejoindre la région parisienne ou le nord de l’Europe.
Les visages sont graves, mais en mode pause : ici on s'arrête pour reprendre son souffle à l'abri des menaces. «Ils peuvent rester trois jours et trois nuits. A leur arrivée, on leur remet une couverture, une serviette de toilette, tous les produits d'hygiène nécessaires, et on leur explique le règ