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Data matin

Dépenses de santé : plus elles augmentent, moins il en coûte aux ménages

Alors que la consommation de soins et de biens médicaux a gonflé de près d’un quart en dix ans, le «reste à charge» pour les ménages a diminué de trente euros. Les premiers effets de la réforme qui vise à lutter contre le renoncement aux soins dentaires et optiques.
par Clément Le Merlus
publié le 16 septembre 2020 à 5h35
(mis à jour le 16 septembre 2020 à 7h35)

Les dépenses de santé ne cessent d'augmenter chaque année, et pourtant elles pèsent de moins en moins, en moyenne, dans le portefeuille des Français. Selon une étude publiée ce mardi par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), rattachée au ministère des Solidarités et de la Santé, 213 euros sont restés à la charge des ménages pour leur frais de santé, en 2019. C'est deux euros de moins que l'an dernier, et trente de moins qu'en 2009.

Infographie : Santé : le reste à charge de ménages en baisse

Cette diminution s’explique par un engagement croissant de la Sécurité sociale dans le financement de la consommation des soins et des biens médicaux (CSBM). Elle est passée de 76,3% à 78,2% en une décennie. Avec la prise en charge de l’Etat et de la Complémentaire santé solidaire (1,5%), et celle des organismes complémentaires (13,4%), qui restent stables sur cette période, les ménages règlent seulement 6,9% du total des dépenses de santé (contre 9,2% en 2009). Ce «reste à charge» est le plus bas parmi les pays de l’Union européenne et de l’OCDE.

Cette part est en baisse alors même que la consommation des soins et des biens médicaux a augmenté de 22% en dix ans. Entre 2018 et 2019, elle s'est encore alourdie de 4,5 milliards d'euros. L'augmentation des tarifs des séjours dans les hôpitaux publics porte cette hausse annuelle, de même que le développement des soins des auxiliaires médicaux (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes…). Ces derniers sont de plus en plus sollicités en raison du vieillissement de la population, mais aussi du «virage ambulatoire», qui favorise les sorties rapides d'hospitalisation.

Augmentation de la consommation de soins dentaires

Pour éviter que l'augmentation des coûts ne conduise certains à renoncer à se soigner, la réforme «100% santé» a été mise en place en 2019. Elle devrait être complète d'ici à l'année prochaine, mais ses premiers effets sont déjà visibles : +5,6% de consommation d'optique, +3,3% des biens médicaux hors optiques (comprenant les audioprothèses, visées par la réforme) et +3,4% des soins dentaires, en particulier grâce au plafonnement du prix de certaines prothèses dentaires.

Difficile de prévoir quelle sera l'évolution de ces données pour l'année 2020, marquée par la crise sanitaire du Covid-19. Les premières observations de la Sécurité sociale indiquent que les remboursements des soins «de ville» – par opposition à ceux des hôpitaux – ont chuté durant le confinement, à hauteur de 11,6% par exemple entre le 18 mars et le 28 avril, par rapport à la même période en 2019. Une baisse compensée par l'explosion des indemnités journalières liées aux arrêts maladie (+60% sur cette période), ainsi que par la hausse, encore inconnue, des dépenses engendrées par la prise en charge des malades du coronavirus.