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Récit

Batignolles : à l’Ibis, les gardiennes de lutte

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Depuis plus d’un an, les femmes de chambre de l’hôtel du groupe Accor sont en grève contre leurs conditions de travail. Les négociations n’ayant pas abouti, elles tentent désormais de régler l’affaire devant les tribunaux.
Salariées du sous-traitant STN, les grévistes réclament notamment leur intégration au groupe Accor. Ici le 13 août 2019, devant l’Ibis des Batignolles. (Photo Denis Allard)
publié le 2 août 2020 à 16h06
(mis à jour le 2 août 2020 à 18h06)

Elles sont mobilisées depuis plus d’un an et, à leur manière, les femmes de chambre de l’hôtel Ibis des Batignolles ont été à la fois des marqueurs et des révélateurs de l’histoire sociale du pays. Du mouvement des gilets jaunes aux grèves contre la réforme des retraites, dont elles ont rejoint les rangs en quête de convergence, jusqu’à la pandémie de Covid-19, qui a vu leur hôtel fermer et leur grève suspendue, ces quatre saisons ont paru des années dans ce huis-clos de lutte. Au moment de camper devant leur lieu de travail avec des casseroles pour leur première journée de grève, le 17 juillet 2019, elles ignoraient qu’elles posaient le premier acte de la mobilisation la plus longue et épique que le syndicat CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques) a jamais accompagnée.

Dès les premiers instants, les revendications ont été plutôt claires : intégration dans les effectifs du groupe Accor Hotels plutôt que chez le sous-traitant STN, rémunération au temps de travail plutôt qu'à la chambre et fin de la clause de mobilité, notamment. «Les demandes des salariés ne sont pas extraordinaires, c'est parfois la simple application du droit», avance Tiziri Kandi, animatrice syndicale à la CGT-HPE. «Avec les cadences infernales, la sous-traitance, on vit beaucoup de maltraitance. Chez STN, on n'a pas droit aux primes de panier-repas, pas non plus droit au lavage de nos tenues… Pourquoi le groupe Accor ne veut pas nous internaliser ?» s'interroge encore Rachel Keke, gou