Bouton Lire dans l'app Lire dans l'app
Éditorial

Vigilance

publié le 29 juillet 2020 à 18h36

Il est en train de se passer quelque chose d'énorme dans la police : pour la première fois, le syndicat majoritaire apporte son soutien à un lanceur d'alerte. Le brigadier-chef Amar Benmohamed, qui révélait lundi sur le Site Streetpress l'ampleur du système de maltraitance raciste au dépôt du tribunal de police de Paris, avait été menacé de sanctions mardi soir à l'Assemblée nationale par le ministre de l'Intérieur. A en croire Gérald Darmanin, il aurait trop tardé à dénoncer ses collègues. Un bon moyen de dissuader les policiers de lancer des alertes sur tel ou tel manquement. Unité SGP Police ne l'a pas entendu de cette oreille et tape du poing sur la table. Une révolution. C'est que le devoir de vigilance est devenu impératif. A lire notre propre enquête, on comprend que certains mécanismes susceptibles de conduire au racisme sont à l'œuvre dès l'école de police. Pas forcément consciemment. A force de répéter que la Seine-Saint-Denis est un champ de mines ou qu'il faut se méfier de telle ou telle couleur de peau, les biais se prennent vite. D'autant que les attentats de 2015 ont laissé des traces. Plus encore après l'attaque de la préfecture de police par Mickaël Harpon. Les policiers et citoyens musulmans sont, consciemment ou non, vus comme des personnes à risque et donc cibles faciles d'attaques racistes. Tout cela, les journalistes ne l'inventent pas, contrairement à ce que l'on entend ici ou là : c'est documenté et avéré. Et non, les policiers ne sont pas tous racistes, les pages qui suivent le prouvent puisque nombre d'entre eux ont le courage de dénoncer les attitudes ou propos odieux de leurs collègues. La solution ? Mettre fin au déni qui garantit la «perpétuation des biais racistes», comme nous l'explique le sociologue Jérémie Gauthier. Et surtout imposer une discipline et un relâchement zéro dès les écoles de formation.