C'était à la machine à café, quelques jours après la mobilisation massive du comité Adama, le 2 juin, contre les violences policières. «J'ai entendu : "C'est bien beau de manifester, mais qu'ils s'occupent plutôt des champs de coton"», se souvient Alain (1), officier de police judiciaire en région parisienne. «Et encore, ça reste soft. Partout, j'ai pu entendre ce genre de propos. Ça commence dès l'école de police», assure cet agent chevronné, passé par plus de cinq services.
Ce fut le cas pour Yacine (1), fonctionnaire d'origine algérienne et marocaine : «J'étais bien placé, j'avais de bonnes notes. Un mec de la promotion du dessus est venu me voir : "On les connaît les mecs comme toi, les Momo et les Kamel, c'est tous les mêmes, tous des voleurs…"» L'échange s'est fini au sol. Auparavant déjà, Yacine avait été confronté au racisme de collègues. Il était alors adjoint de sécurité (ADS). «J'étais le seul Arabe de l'équipe, ils me testaient : ils déposaient des bijoux - des gourmettes, des bagues - dans mon vestiaire pour voir si j'allais les garder. Evidemment, je les ramenais systématiquement au chef de section.» Il soupire : «Qu'on m'amène un seul collègue issu de l'immigration qui n'a jamais été témoin ou victime…»
«Attitude plus dure»
La police française est-elle raciste ? Rarement