Bouton Lire dans l'app Lire dans l'app

Mort de Jacqueline Sauvage, emblème des violences conjugales

Jacqueline Sauvage pose chez sa fille. Chuelles, FRANCE-19/01/2017
publié le 29 juillet 2020 à 18h41
(mis à jour le 29 juillet 2020 à 20h41)

«Elle est partie sans bruit, ce qui peut sembler paradoxal au vu du chaos retentissant suscité par cette affaire», souffle Me Nathalie Tomasini, qui fut son avocate, jointe par Libé. Jacqueline Sauvage est morte le 23 juillet, à 72 ans, à son domicile de La Selle-sur-le-Bied (Loiret). Là, elle menait, depuis sa sortie de prison, il y a plus de trois ans, une «vie simple», entourée de ses filles, de ses petits-enfants et du chien qu'elle adorait. Revenue dans le pavillon familial où sa vie avait basculé en septembre 2012, quand elle avait abattu ce mari violent et père tyrannique. Un geste pour lequel elle écopera de dix ans de prison avant d'être finalement graciée par François Hollande en 2016, après de longs mois de mobilisation et d'âpres débats autour de la légitime défense.

«Elle a fait avancer les pions et cristallisé toute la volonté des femmes victimes de violences conjugales qui n'osent pas parler. Elle est devenue un symbole à qui les autres pouvaient se raccrocher dans leur combat dans le huis-clos familial, dans l'omerta de la société», analyse Me Tomasini. «Elle a été le symbole de l'injustice et de la violence. Mais à quel prix pour elle et sa famille ? Qu'est-ce que ça a changé pour la société ? Rien», s'est insurgée l'actrice Eva Darlan, présidente de son comité de soutien.

Née en 1947 dans une fratrie de huit enfants, Jacqueline Sauvage rencontre Norbert Marot à l'âge de 16 ans, tombe rapidement enceinte de l'homme qu'elle décrit comme «attirant et séduisant», et l'épouse en 1965. Leur première fille est encore un bébé quand débutent les brimades. Puis une vie d'emprise, de honte et de coups. Le matin du 10 septembre 2012, une dispute éclate entre Norbert et Jacqueline. Selon son récit, il la frappe une énième fois, la menace. Elle monte faire une sieste. Quelques heures plus tard, elle arme son fusil (le couple était féru de chasse) et le tue de trois tirs dans le dos. «Un acte de survie, pas de vengeance», expliquera-t-elle plus tard.