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Interview

«La France a sa propre tradition de racialisation des pratiques policières»

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Pour le sociologue Jérémie Gauthier, la police reste ancrée dans des pratiques archaïques et peine à remettre en question ses méthodes.
Patrouille à Paris le 15 mai. (Photo Albert Facelly)
publié le 29 juillet 2020 à 18h36

Comment lutter contre le racisme dans la police française ? Faut-il s'inspirer de l'étranger ? Depuis la déflagration internationale suscitée par la mort de l'Afro-Américain George Floyd, asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis, et à la suite de nombreuses révélations en France, notamment via les propos du policier lanceur d'alerte Amar Benmohamed, le débat autour des violences policières et du racisme s'est imposé avec une vigueur sans précédent. Le sociologue Jérémie Gauthier, maître de conférences à l'université de Strasbourg et codirecteur de l'ouvrage Police : questions sensibles (PUF, 2018), revient pour Libération sur la «tentation raciste» au sein de la police.

S’était-il déjà produit une telle remise en cause des pratiques policières ?

D’une telle ampleur, non. Les mobilisations qui dénoncent les dérives policières, qu’elles soient violentes, discriminatoires ou racistes, existent depuis les années 70. Mais elles sont longtemps restées peu visibles, parce qu’elles étaient portées par des collectifs ayant des difficultés à faire entendre leurs voix, étant eux-mêmes issus des quartiers de relégation sociale et économique. Les comités «vérité et justice» actuels sont d’ailleurs les héritiers de ces premières générations de militants. Les rébel