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Droit de suite

Mort de Cédric Chouviat : sa famille demande à Macron la suspension des policiers

Quelques jours après les révélations de «Libération» et de «Mediapart» sur l'interpellation violente dont a été victime le chauffeur-livreur, ses proches demandent l'intervention de l'Elysée. Trois des policiers impliqués dans les faits du 3 janvier sont mis en examen pour «homicide involontaire».
Conférence de presse de la famille de Cédric Chouviat, le 23 juin. (BERTRAND GUAY/Photo Bertrand Guay. AFP)
par Matéo Larroque
publié le 24 juillet 2020 à 13h14
(mis à jour le 24 juillet 2020 à 15h14)

Les avocats de la famille de Cédric Chouviat ont écrit une lettre ce vendredi au président de la République pour demander la suspension des quatre policiers impliqués dans l’interpellation qui a mené à la mort du père de famille de 42 ans. Trois gardiens de la paix ont été mis en examen, mi-juillet, pour «homicide involontaire». Le quatrième membre de l’équipage, qui a filmé la scène, a été placé sous le statut de «témoin assisté».

Cette lettre est envoyée à Emmanuel Macron quelques jours après la révélation par Libération et Mediapart de l'enquête menée par l'Inpection générale de la police nationale (IGPN). Les investigations attestent que Cédric Chouviat a été maintenu ventre contre sol pendant une minute et trente secondes, bien qu'il ait tout de suite manifesté une détresse respiratoire. La police des polices note qu'il semble aussi avoir été étranglé à terre alors qu'il portait encore son casque de scooter, et qu'il a fallu près de trois minutes pour que les fonctionnaires, conscients du malaise, prodiguent un massage cardiaque. Enfin, un faux compte rendu de l'interpellation a été diffusé par un agent de la brigade anticriminalité (BAC) sur les ondes radio de la préfecture de police de Paris. Dès les premiers instants, ce dernier a tenté de gommer la responsabilité de ses collègues.

Dans leur courrier, que Libération a pu consulter, les avocats de la famille, Arié Alimi, Vincent Brengarth et William Bourdon précisent qu'il «ne s'agit pas de porter atteinte à la présomption d'innocence mais, de manière préventive, prendre une mesure à l'égard de fonctionnaires qui, de manière certaine, sont allés au-delà de l'exercice de leurs fonctions en étant à l'origine du décès de monsieur Cédric Chouviat».

Débat sur les techniques d’immobilisation

Alors qu'il roulait en scooter pour effectuer une livraison, le 3 janvier, Cédric Chouviat a été violemment interpellé Quai Branly, à Paris, par quatre policiers affectés aux missions police secours du VIIe arrondissement de Paris. Différentes vidéos témoignent de la brutalité des fonctionnaires, ainsi que du recours à deux techniques d'interpellation controversées : la clé d'étranglement et le plaquage ventral. Neuf fois, le chauffeur-livreur répétera «j'étouffe» avant de faire un malaise et un arrêt cardio-respiratoire. Transporté dans un état critique à l'hôpital Georges-Pompidou, il meurt le 5 janvier.

Les avocats de la famille expliquent dans leur lettre que ce drame doit être «à l'origine d'un débat public indispensable sur certaines méthodes policières» et rappellent que Christophe Castaner avait annoncé «une étude d'évaluation de l'ensemble des techniques d'immobilisation» dont ils n'ont «toujours pas eu connaissance».