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La famille de Cédric Chouviat demande la suspension des policiers

par Matéo Larroque
publié le 24 juillet 2020 à 18h41
(mis à jour le 24 juillet 2020 à 20h41)

Les avocats de la famille de Cédric Chouviat ont écrit vendredi une lettre au président de la République pour demander la suspension des quatre policiers impliqués dans l'interpellation qui a mené à la mort du père de famille de 42 ans le 3 janvier à Paris. Trois gardiens de la paix ont été mis en examen mi-juillet pour «homicide involontaire». La quatrième membre de l'équipage, qui a filmé la scène, a été placée sous le statut de «témoin assisté».

Cette lettre est envoyée à Emmanuel Macron quelques jours après la révélation par Libération et Mediapart d'éléments de l'enquête menée par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les investigations attestent que Cédric Chouviat a été maintenu ventre contre le sol pendant une minute et trente secondes, bien qu'il ait tout de suite manifesté une détresse respiratoire. La police des polices note qu'il semble aussi avoir été étranglé à terre alors qu'il portait son casque de scooter, et qu'il a fallu près de trois minutes pour que les fonctionnaires, conscients du malaise, prodiguent un massage cardiaque. Enfin, un faux compte rendu de l'interpellation a été diffusé par un agent de la brigade anticriminalité (BAC) sur les ondes radio de la préfecture de police de Paris. Dès les premiers instants, ce dernier a tenté de gommer la responsabilité de ses collègues. Le chauffeur-livreur répétera à plusieurs reprises «j'étouffe» avant de faire un malaise et un arrêt cardio-respiratoire. Transporté dans un état critique à l'hôpital Georges-Pompidou, il meurt le 5 janvier.

Dans leur courrier, que Libération a pu consulter, les avocats de la famille, Arié Alimi, Vincent Brengarth et William Bourdon, précisent qu'il «ne s'agit pas de porter atteinte à la présomption d'innocence mais, de manière préventive, prendre une mesure à l'égard de fonctionnaires qui, de manière certaine, sont allés au-delà de l'exercice de leurs fonctions en étant à l'origine du décès de monsieur Cédric Chouviat». Les avocats de la famille expliquent également que ce drame doit être «à l'origine d'un débat public indispensable sur certaines méthodes policières», et rappellent que Christophe Castaner avait annoncé «une étude d'évaluation de l'ensemble des techniques d'immobilisation» dont ils n'ont «toujours pas eu connaissance».