Bouton Lire dans l'app Lire dans l'app
Reportage

«On a tous respiré cette merde de Lubrizol»

Article réservé aux abonnés
Un mois après l’incendie de l’usine, «Libération» est retourné à Rouen. Dans la ville et les communes alentour, les habitants, en proie aux inquiétudes, s’organisent et attendent plus de transparence des autorités.
A Rouen, mercredi. A gauche, l'usine Lubrizol. (Photo Martin Colombet pour Libération)
publié le 24 octobre 2019 à 19h01

Thibaut ne pouvait pas manquer le rendez-vous. En vingt-deux ans d'existence, ce Nordiste n'a jamais raté la moindre foire Saint-Romain, institution rouennaise qui draine des dizaines de milliers de visiteurs l'automne venu. «C'est la première fois que je la vois aussi vide», soupire le jeune forain qui, avec ses stands de tir, fait deux fois moins de chiffre que l'an dernier. D'un signe de tête, il désigne le coupable. Sur l'autre rive, en face de l'esplanade Saint-Gervais, 1 kilomètre à vol d'oiseau à peine, on aperçoit les engins qui interviennent sur le site de l'usine Lubrizol, ravagée par un incendie le 26 septembre. Parfois, une distinctive odeur âcre vient se mêler aux effluves de chichis, chatouillant les narines et piquant la gorge, signe que les émanations de lubrifiants et d'hydrocarbures brûlés perdurent.

Mardi, soir de vacances scolaires, l'affluence est clairsemée dans les travées de la foire. Plusieurs attractions sont au chômage technique. Sabrina, qui gère un stand de chamboule-tout, patiente en quête de clients. Selon elle, «la fréquentation est en baisse de 75 %» : «On a l'impression que les familles avec les enfants en bas âge et les gens extérieurs à Rouen préfèrent ne pas venir.»

«Tous avec cette même colère»

Il faut dire qu'une délicate op