«On pourrait dupliquer ce qui se fait avec la Sécurité routière, en organisant des stages obligatoires au collège, à l’issue desquels seraient délivrées des attestations de non-violence. En matière de Sécurité routière, l’impact a été considérable sur toute une génération : combien d’enfants désormais disent parfois à leurs parents de rouler moins vite ? Dans cette sensibilisation à la non-violence pourraient être enseignés le respect du corps, ou le fait de ne pas insulter ou dévaloriser en fonction du genre. En faisant cela, en quinze ou vingt ans, on aurait toute une génération qui considérerait différemment le corps des femmes. C’est une manière de susciter un changement de paradigme, comme cela a pu se faire par le passé avec des actions relatives à la Sécurité routière ou à des questions de santé publique telles que le tabac ou l’alcool.
«L’autre axe de travail essentiel à mon sens, c’est la formation des professionnels. On parle souvent des policiers et des gendarmes, mais il faut aussi penser aux travailleurs sociaux ou aux médecins. Cela fait des années que l’on évoque la possibilité de mettre en place un questionnement systématique des femmes, et cela ne se fait toujours pas. Idem dans les protections maternelles et infantiles, parce que l’on sait que la grossesse est une période à risque. Il faut vraiment que les violences faites aux femmes deviennent une priorité, et qu’elles soient portées politiquement. Si l’on veut un changement social radical, avec un réel impact, il faut une politique massive, et pas que ces thématiques soient traitées comme des sous-dossiers, avec un budget minime. Il y a urgence à agir en matière d’hébergement aussi. On entend encore trop d’histoires de femmes qui trouvent le courage de parler à des travailleurs sociaux, lesquels se démènent pour les aider mais doivent, faute de place, se résigner à les laisser rentrer chez elles.»