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Les gens

Macron lance «En marche», son club... pour aider Hollande

Le ministre de l'Economie espère fédérer des citoyens éloignés de la politique.
Emmanuel Macron (à droite), dans l'usine Procter et Gamble d'Amiens, mercredi. (FRANCOIS LO PRESTI/Photo François Lo Presti . AFP)
publié le 6 avril 2016 à 16h54
(mis à jour le 6 avril 2016 à 18h26)

Emmanuel Macron fait son premier véritable pas en politique. Mercredi soir, à l’occasion de la quatrième «rencontre citoyenne» qu’il organisait cette fois dans sa ville natale d’Amiens, le ministre de l’Economie a officialisé le lancement de son club politique. Baptisé «En marche», ce mouvement se présente comme une antithèse des partis traditionnels : ouvert sur la société civile, moderne, participatif, collaboratif, et donc forcément très à l’écoute des réseaux sociaux. Bref du sur-mesure pour qui ambitionne de séduire et de fédérer des citoyens éloignés du militantisme, ou dégoûtés des formations politiques traditionnelles, mais de sensibilité centriste, libérale et progressiste.

«Emmanuel est convaincu que les Français aiment et sont avides de débats politiques de fond mais qu'ils ne croient plus que les partis sont le lieu pour les avoir» estime un de ses amis députés. Et ce, alors que de l'avis de Macron, le temps presse désormais : «S'il n'y a pas dans la période préélectorale puis électorale de débats ouverts sur un certain nombre de sujets dont la construction européenne, celui ou celle qui se présentera en 2017 n'y arrivera pas», a alerté le ministre. «La réforme en profondeur passe par notre capacité collective à répondre à ces sujets.» Et Macron de préciser ses fondamentaux qui sont ceux de son mouvement : «Je crois à la liberté économique, politique, sociale et à notre capacité collective à l'articuler avec la justice», a t-il énuméré. «Je crois à une société du progrès ; je crois dans l'Europe, dans l'ambition européenne.»

Cette initiative, Emmanuel Macron en a averti François Hollande de longue date. Samedi, à l'issue du déjeuner auquel le chef de l'Etat avait convié plusieurs de ses proches pour discuter de la future échéance électorale, il lui a confié en aparté son intention de passer à l'acte cette semaine. «Pour Macron, il ne s'agit pas d'une rampe de lancement pour la présidentielle», précise-t-on au Château, «Emmanuel a procédé de manière totalement transparente. Il l'a dit, il soutient le Président et ce sera vrai jusqu'au bout. Pour François Hollande, cette démarche, c'est donc de l'énergie en plus. Il y a lui aussi un intérêt particulier.»

Emmanuel Macron y trouve son compte. «Cela va lui permettre de conserver son autonomie, de ne pas être prisonnier du paysage politique actuel, souligne un député socialiste de ses amis. Aujourd'hui, François Hollande est en surplomb : pour gagner la présidentielle, il lui manque une base politique là où il gouverne, autrement dit au centre… Si le mouvement de Macron suscite de l'adhésion chez des gens aujourd'hui non politisés, il pourra donner des consignes de vote en 2017…»

Reste à savoir si Macron entend à l’avenir user de son mouvement comme d’un tremplin politique personnel. Aux dires de ses amis, rien n’est exclu au-delà de 2017.