Ils sont partis à l’aube du confinement de novembre. Ils reviennent à la veille d’une remise sous cloche qui pend au nez de février. Ils ont respiré à pleins poumons l’immensité, et voilà qu’ils doivent remettre ce masque ridicule pour épargner leurs défenses immunitaires amoindries par 80 jours passés dans cette chambre stérile qu’est un bateau. Les marins du Vendée Globe rappliquent, avec dans leurs soutes des histoires pharamineuses et des exploits mordorés, des bravoures et des bravades qui méritent des bravos, de l’humanité salée à partager et des visions océanes de toute beauté engrangées à jamais. En cela, ils sont des êtres à part, des conquérants de l’invisible, des romanciers de l’inutile. Mais leurs voyages peuvent pourtant se comparer à l’enfermement que la France a connu et auquel elle devrait repiquer sans tarder. Recensons ressemblances et distinguos.
Crise du logement. A bord de leurs voiliers, les marins sont seuls dans leur cabine matelassée, aux angles rognés par l'angoisse. Ils sont à l'isolement à la façon des étudiants cloîtrés dans leurs chambres de bonne, des séparés hantant leurs appartements sentimentalement désaffectés et des plus âgés errant dans leurs vastes maisons désertées par la contagieuse marmaille. Les tourneurs du globe, eux aussi, perdent du muscle dans les jambes à se pelotonner dans leur bulle. Mais ils ont choisi de se mettre hors-sol et hors société, de se couper de la vie ordina