De la crise sanitaire au terrorisme, l’appel à la responsabilité individuelle s’intensifie toujours un peu plus. Le concept de vigilance a envahi les discours d’autorité. Au travail, dans la rue, dans les transports ou sur Internet : jusqu’où ira l’enrôlement du citoyen dans la politique sécuritaire ? Maîtresse de conférences en sciences politiques à l’université Paris-VIII, Vanessa Codaccioni retrace ce grand mouvement vers la répression des populations dans
la Société de vigilance. Auto-surveillance, délation et haines sécuritaires
(éd. Textuel). Le tout avec leur consentement : la politiste dessine les contours d’une surveillance
«latérale»,
où chaque citoyen est invité se mettre en état d’alerte permanent, à scruter le moindre comportement suspect. Une logique qui redouble d’intensité depuis la pandémie.
(Photo DR)
Vous faites la critique du terme de résilience, abondamment employé par Emmanuel Macron. En quoi ce concept pose-t-il problème ?
Le concept de résilience pose problème dès lors qu’il est utilisé dans le domaine de la sécurité ou de la défense nationale. A l’origine, il s’agit d’un terme issu de la géologie mais qui a été très utilisé en psychologie à partir des années 90, et qui renvoie à la capacité d’un organisme, d’un individu ou d’un groupe à surmonter un choc, une attaque, à reprendre le cours normal de ses activités mais aussi à s’adapter à différents environnements, hostiles notamment. On comprend pourquoi la résilience est surutilisée dans les discours lors de la crise sanitaire ou sur la lutte antiterroriste. Emmanuel Macron l’a d’ailleurs utilisée à propo