Accoucher, revivre, changer de vie, refaire sa vie amoureuse ou professionnelle ? Cet été, Libération explore ces aurores de la vie, moments charnières pendant lesquels les individus naissent, donnent naissance ou renaissent à eux-mêmes. Quel qu'il soit, l'acte comporte une puissance régénératrice et dérangeante.
C'est un «objet hybride», à mi-chemin entre l'essai, la narration, le récit autobiographique. Dans son livre la Vie ordinaire (Gallimard), la philosophe et journaliste Adèle Van Reeth scrute ces «trois fois rien» et petits événements qui balisent notre existence, nous berçant dans une répétition confortable, parfois à la limite du supportable. Comme si le minuteur pour l'eau des pâtes prenait soudain la forme d'une bombe à retardement. Peu considéré par la philosophie, l'ordinaire n'est ni le banal, ni le quotidien, ni un concept, c'est un «rapport au monde». Dès lors, comment le saisir ? A travers des expériences personnelles comme celle de la grossesse, Adèle Van Reeth enquête sur les petites choses immuables du quotidien pour mieux s'en délivrer. Un combat contre le règne domestique pour naître à soi-même ?
Votre livre est d’un genre hybride, pour enquêter sur les «trois fois rien» de la vie, vous livrez beaucoup de votre vie personnelle. La Vie ordinaire ne pouvait-elle s’écrire qu’à la première personne ?
Je voulais être le plus intime possible mais je distingue la notion de vie intime et celle de vie privée. L’intimité, paradoxalement, est souvent le chemin le plus court vers l’universel : c’est quand on puise au plus profond de soi qu’on peut s’adresser à tout le monde. D’où le choix d’une narratrice qui dit «je» et qui incar