(en vrai c’est MARINE DUMEURGER l’autrice)
«Nous n’avons pas le temps et il est urgent que vous en preniez conscience.» L’équipe du Hellfest veut y voir plus clair. Dans une lettre ouverte, publiée lundi soir sur Facebook, elle urge la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, de se prononcer clairement sur la tenue ou non des événements culturels d’ampleur pour la saison à venir. Citant les dernières interventions médiatiques tâtonnantes de la ministre – «on ira dans les festivals cet été», «on a du temps» ou encore «croisons les doigts» – l’association met en garde et prévient de la catastrophe économique qui la guette, si sa prochaine édition était annulée sur le tard.
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Joint par téléphone, Barbaud, le directeur, précise : «Monter une ville [pour le Hellfest], ça ne s’improvise pas comme ça, en claquant des doigts.» Avec 180 000 personnes accueillies sur trois jours, le Hellfest demande une année de préparation. Festival privé, indépendant, il est aussi très peu subventionné, seulement à hauteur de 0,1 % sur son budget de 25 millions d’euros et se finance notamment grâce à ses recettes, billetterie, bars, restaurants, ainsi que du mécénat et des partenariats privés.
Chaque mois qui passe à partir de maintenant nous coûte plus de 250 000 euros en salaire.
— Ben Barbaud
Depuis le 4 janvier, «nous avons pris le risque de nous remettre au travail à 100 %, nous privant de toutes les aides existantes que votre gouvernement a mis en place, poursuit la lettre. Chaque mois qui passe à partir de maintenant nous coûte plus de 250 000 euros en salaires, charges fixes et autres remboursements d’emprunts.» Un investissement à l’aveugle qui, selon l’association, lui sera fatal si la prochaine édition n’a finalement pas lieu. «Dans notre cas, tout ce qui sera perdu sera perdu.»
«Soutien de notre public»
Mais s’ils exigent une réponse claire du gouvernement, les organisateurs préviennent : pas question non plus pour eux d’imaginer un événement en demi-teinte, avec jauge réduite, des concerts assis, et une heure de couvre-feu. «Contrairement à d’autres festivals plus subventionnés, nous avons besoin de vendre 95 % de notre billetterie pour être rentable, détaille Benjamin Barbaud. Nous voulons savoir si 60 000 personnes par jour pourront venir headbanger debout, en plein air et sans distanciation sociale, en écoutant du bon vieux rock’n’roll !» Ils évoquent pour cela la possibilité de demander un test Covid négatif aux participants.
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Mastodonte dans les festivals français, le Hellfest est réputé pour la fidélité de ses fans et bénévoles. L’an passé, suite à l’annulation de l’événement, la quasi-totalité des festivaliers avait décidé de conserver leur ticket, par solidarité, et de le reporter sur l’édition de 2021. «Aujourd’hui, nous tenons essentiellement grâce au soutien de notre public, appuie Benjamin Barbaud, car nous ne sommes pas en mesure de tous les rembourser.» La prochaine édition doit se tenir du 18 au 20 juin.