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Enquête

Mashup, de gré ou de farce

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Lors du confinement, un tsunami de détournements vidéo a déferlé dans les foyers. Mais ces œuvres transformatives, qui remixent des extraits de films, se heurtent encore à la législation sur les droits d’auteur.
Paris, le 25 mai 2020. Illustrations commandandées pour illustrer les détournements qui ont pulullé sur le web pendant le confinement. (Julien Pacaud)
publié le 25 mai 2020 à 15h06
(mis à jour le 14 juin 2020 à 9h57)

Fin mars, la petite Regan McNeil du film l'Exorciste n'était plus possédée par le Malin mais par le Covid-19. Elle psalmodiait le tube Djadja d'Aya Nakamura sur son lit d'hôpital, pendant que le Louis de Funès de la Grand Vadrouille répondait au «Nous sommes en guerre» d'Emmanuel Macron. Comme eux, ces dernières semaines, des dizaines de personnages populaires du patrimoine cinématographique se sont transformés, par le truchement des montages et post-doublages, en commentateurs privilégiés de nos vies confinées. Alors oui, Laurence Allard a beaucoup à faire, elle confirme. Cette chercheuse spécialisée dans les pratiques expressives numériques à l'université Paris-III-Ircav se retrouve aujourd'hui avec un dossier vertigineux de mèmes, mashup, remix vidéo à instruire en vue du colloque qu'elle organise pour décembre, dans lequel elle rappelera sûrement à quel point le copié-collé est sorti de l'ornière des avant-gardes pour devenir la prose naturelle du Web. Le confinement, certifie-t-elle, fut bien un moment de visibilité inédit pour ces pratiques dites «transformatives», gestes de recyclage plus ou moins parodiques ou pasticheurs déversés pendant deux mois à la faveur d'un arsenal d'applications dont les compteurs de téléchargement ont, pour certaines, explosé.

En tête, TikTok, application chinoise d’ultracourtes vidéo de lip sync, play-back et chorégraphies, qui a enregistré 2 milliards de téléchargements à travers le monde au cours du pre