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Amar Benmohamed, le policier qui a dénoncé le comportement de ses collègues, sera-t-il finalement sanctionné ?

Le brigadier-chef Amar Benmohamed, qui a signalé la semaine dernière le racisme et l’homophobie dans les rangs de sa propre unité, devait lui aussi être sanctionné. Mais un nouvel examen de sa situation est en cours.
Amar Benmohamed, dans les locaux de Libération, mardi dernier. (Roberto FRANKENBERG/Photo Roberto Frankenberg pour Libération )
publié le 3 août 2020 à 9h51

Question posée par Thomas le 30/07/2020

Bonjour,

Vous faites référence à la démarche – inédite – du brigadier-chef Amar Benmohamed (que Libération a rencontré), qui a tout récemment dénoncé le comportement de certains de ses collègues envers les personnes déférées au dépôt du tribunal de Paris. Depuis 2017, il dit avoir été témoin de propos racistes, de cas de maltraitance et de faits de vols de la part de policiers.

Ces faits ont été révélés publiquement lundi dernier, dans une enquête fouillée du site d'information Streetpress.

Un rapport écrit en mars 2019

Ces révélations ont conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, mardi 28 juillet, des chefs de «violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique», «injures publiques en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion» et «injures publiques en raison du sexe et de l'orientation sexuelle».

Avant de rendre l’affaire publique, Amar Benmohamed avait écrit, en mars 2019, un rapport sur les faits évoqués ci-dessus. Celui-ci avait ensuite été transmis à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui a ouvert une enquête administrative. Au terme de cette enquête, transmise à la préfecture de police de Paris en février 2020, les enquêteurs avaient confirmé une partie des allégations d’Amar Benmohamed et proposé un conseil de discipline pour un des agents, et des sanctions disciplinaires pour d’autres.

Interrogé jeudi sur le sujet en commission des lois par un député LREM, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, a déclaré : «Le brigadier Benmohamed a dénoncé – alors pardonnez-moi de vous le dire, mais c'est exactement ce qu'il y a, à ma connaissance – avec retard – c'est d'ailleurs ce qui lui est un peu reproché, on en reparlera plus tard si vous le souhaitez – a dénoncé ses camarades qui auraient, je mets du conditionnel mais les faits reprochés sont graves, énoncé des insultes à caractère sexiste, homophobe et raciste.»

Ne pas avoir dénoncé les faits suffisamment tôt

Avant de confirmer que le brigadier-chef serait sanctionné : «L'IGPN a relevé des comportements tout à fait inappropriés de la part de six fonctionnaires de police : injures, agressivité, mensonges, désobéissance (je lis des termes utilisés par l'Inspection générale). Elle a proposé, bien avant la révélation par l'article de presse hier, un renvoi devant le conseil de discipline avec quatre sanctions directes et une alternative aux poursuites disciplinaires. Et dans les quatre sanctions directes, il y a aussi M. Benmohamed.»

Le lanceur d'alerte fait donc partie des personnes à l'encontre desquelles une sanction a été demandée. Celle-ci sera surtout «symbolique», comme l'écrivait Libération mercredi, et sans traçabilité dans son dossier administratif. La raison ? Ne pas avoir dénoncé les faits par écrit suffisamment tôt. Pour l'heure, comme le confirme à CheckNews la préfecture de police de Paris, cette sanction ne lui a pas été notifiée car Amar Benmohamed est en arrêt maladie depuis fin juin.

Finalement, la préfecture annonce que sa situation sera réexaminée : «Pour le moment, il est sursis à la notification de la sanction, un nouvel examen de sa situation étant en cours.»

L'annonce de cette sanction potentielle avait fait réagir le syndicat d'Amar Benmohamed (qui est délégué Unité SGP Police, syndicat majoritaire dans la police), par la voix de son secrétaire général, Yves Lefebvre : «Qu'ils veuillent le sanctionner pour ça, c'est inadmissible. Je m'entretiendrai personnellement avec Gérald Darmanin à ce propos.»

Cordialement