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Est-il vrai que le poids des retraites dans le PIB de la France n'augmente plus?

Le poids des retraites dans la richesse nationale est devenu stable, et devrait le rester dans les années à venir. Le besoin de financement du système, à partir de 2025, est en réalité dû à une baisse des ressources.
Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 24 septembre. (Marc CHAUMEIL/Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 5 décembre 2019 à 5h52

Question posée par Fatima Lopez le 29/11/2019

Bonjour,

La part des dépenses de retraites dans le PIB mesure la part de la richesse nationale consacrée aux pensions. «Cet indicateur est donc déterminant pour évaluer la soutenabilité financière du système de retraite dans la mesure où il exprime, de manière globale et synthétique, le niveau des prélèvements qu'il faut opérer sur la richesse produite par les actifs pour assurer l'équilibre du système de retraite à législation constante», peut-on lire dans le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) de novembre 2019.

Or cette part des retraites dans le PIB, selon ce même rapport, ne va pas bouger dans les années à venir. De 13,8% en 2018, elle va rester stable jusqu’à au moins 2030, quel que soit le scénario économique – bon et moins bon – retenu par le COR.

«Grâce notamment aux réformes entreprises depuis près de trente ans, les dépenses de retraite ne sont plus sur une dynamique non contrôlée et l'évolution de leur part dans le PIB serait maîtrisée tant sur un horizon de dix ans que de cinquante ans», se félicitent ainsi les rapporteurs.

A horizon 2030, la baisse du rapport entre le nombre de cotisants et le nombre de retraités devrait être compensée, selon eux, par la hausse de l’âge moyen de départ à la retraite.

Problème : même si les dépenses restent stables dans les années à venir, le système de retraites va être de nouveau déficitaire à partir de 2025. Celui-ci devrait accuser, à cette date, un besoin de financement compris entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros, soit entre 0,3 et 0,7% du PIB, en fonction des scénarios économiques (de 1 à 1,8% de croissance) et des conventions comptables retenus (critiquées par certains syndicats).

En cause, cette fois-ci : une diminution des ressources. Et ce, note le rapport, en raison de «facteurs largement exogènes à la politique des retraites en tant que telle». Multiples, les explications à cette baisse n'ont effectivement pas grand-chose à voir avec le pilotage à proprement parler du système. Elles sont liées, entre autres, à la réduction à venir du nombre de fonctionnaires, dont les taux de cotisations sont plus élevés que dans le secteur privé, à la diminution des versements de l'Unedic (au titre des périodes de chômage) et de la Caisse des allocations familiales (au titre de l'AVPF, assurance vieillesse du parent au foyer), ou encore à la non-compensation à la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) des exonérations d'heures supplémentaires décidées par le gouvernement actuel.

Face à ce déficit, le rapport, sans se prononcer sur aucun d'entre eux, présente plusieurs scénarios de retour à l'équilibre, en jouant sur trois leviers : le niveau des pensions, le montant des cotisations et l'âge légal de départ à la retraite.

Pour la CFDT, la stabilisation des dépenses de retraite diagnostiquée par le COR exclut de jouer sur le levier de l'âge : «puisque le rapport ne fait pas état d'une dérive des dépenses, il n'y a pas de raison, a priori, de vouloir changer les paramètres d'âge de départ à la retraite ou de durée d'activité, a estimé le syndicat dans son analyse du rapport du COR. […] S'il y a des mesures à prendre, elles doivent d'abord être recherchées du côté des ressources.»

La CGT et la FSU ont également indiqué, dans leur réaction au rapport, qu'elles privilégieaient la piste d'une augmentation des cotisations.