C’est un procès très singulier qui s’ouvre ce lundi pour quinze jours devant le tribunal correctionnel de Paris. Au centre des débats, le milliardaire et industriel de l’aéronautique Serge Dassault, ancien maire de Corbeil-Essonnes (Essonne). Il y sera principalement question d’achat de votes (délit passible de deux ans de prison) et de financement illégal de campagne électorale. L’héritier de la dynastie Dassault étant mort en mai 2018, seuls trois de ses principaux collaborateurs comparaîtront à la barre à sa place : Jean-Pierre Bechter, son maire consort de Corbeil, Jacques Lebigre et Cristela de Oliveira, ses deux ex-adjoints à la mairie, et Gérard Limat, banquier suisse et homme à tout faire. Plus quelques intermédiaires, qui auraient monnayé plus ou moins gentiment leur entregent électoral.
Bonne franquette
Les investigations ont permis de mettre au jour une «corruption qui s’est exercée à un degré sans doute jamais atteint lors des élections de 2009 et 2010», remportées par Bechter après l’invalidation de la réélection de Dassault en 2008, avec notamment des distributions d’espèces, des dons déguisés en prêts, l’utilisation de comptes bancaires dont certains étaient à l'étranger, ou encore le financement d’associations fictives. L’ORTC, l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel (37 pages), du juge d’instruction Serge Tournaire donne le ton : «Il n’est pas douteux que les libéralités, dons et financements divers de Serge Dassault ont été accordés dans un contexte